Dans cette série intitulée « Showroom » présentée sous la forme de 10 diptyques, Pierre Leblanc nous plonge dans l’univers de la pulsion.
C’est dans un décor unique de chambre d’hôtel désuet, que Pierre s’interroge sur les bizarreries de la sexualité humaine. « Showroom » de la jouissance, il s’agit ici d’un questionnement sur ces femmes dites de « petites vertues », ces objets du désir, ces « morceaux de chair voués à la satisfaction ». C’est aussi un questionnement sur la sexualité masculine, où l’homme peine à rassembler son désir et son amour sur une même femme : que vont finalement trouver ces hommes auprès des prostituées ? Nous pourrions citer comme élément de compréhension la réflexion de Freud sur l’embrouille sexuelle de l’homme « Lorsqu’ils aiment ils ne désirent pas et lorsqu’ils désirent ils ne peuvent pas aimer ». Un univers de solitudes se dégage de ces diptyques : la solitude de ces femmes d’une part, objets de satisfactions, mais aussi, celle, irréductible de la rencontre sexuelle avec le corps de l’autre… Dans ces clichés, nous sommes face aux fantasmes qui s’opposent à la morale, la dimension acéphale de la pulsion nous apparaît et ainsi s’ouvrent malgré nous, nos questions sur nos propres modes de jouissances.
In this ten diptych-series entitled "Showroom", Pierre Leblanc brings us inside the universe of drive and basic instincts.
In a peculiar scenery of an old-fashonied hotel room, he questions human sexuality oddities. As a "Showroom" of pleasure, the pictures highlight those "woman of easy virtue" who are seen as objects of desire and "flesh pieces dedicated to satisfaction". It also questions male's sexuality, in which men can hardly focus their desire and love on one woman only : what are they actually searching for in prostitutes' company ? As a way of understanding it, we could quote one of Freud's statement about men sexual confusion : "When they love they cannot desire, and when they desire they cannot love". You can feel a world of loneliness coming out of these diptychs : first of all the loneliness of these women considered as objects of satisfaction, but also the one from the inevitable sexual encounter with another body. In these pictures, fantasies stack up against morality, the unthought part of drive is highlighted ans despite your will, you are facing your own guilty pleasures.
In this ten diptych-series entitled "Showroom", Pierre Leblanc brings us inside the universe of drive and basic instincts.
In a peculiar scenery of an old-fashonied hotel room, he questions human sexuality oddities. As a "Showroom" of pleasure, the pictures highlight those "woman of easy virtue" who are seen as objects of desire and "flesh pieces dedicated to satisfaction". It also questions male's sexuality, in which men can hardly focus their desire and love on one woman only : what are they actually searching for in prostitutes' company ? As a way of understanding it, we could quote one of Freud's statement about men sexual confusion : "When they love they cannot desire, and when they desire they cannot love". You can feel a world of loneliness coming out of these diptychs : first of all the loneliness of these women considered as objects of satisfaction, but also the one from the inevitable sexual encounter with another body. In these pictures, fantasies stack up against morality, the unthought part of drive is highlighted ans despite your will, you are facing your own guilty pleasures.
C’est désormais un habitué de nos colonnes, ce qui n’a rien d’un hasard. La force narratives des clichés de Pierre Leblanc se renouvelle de série en série, légitimant à chaque nouvelle créations un article spécifique. Avec Traumas, le photographe demeure dans l’exploration de la psyché humaine certes, mais en interrogeant le rapport de l’individu aux chocs qu’il a vécus.
Comment un traumatisme impacte-t-il l’esprit ? La mémoire ? L’âme ? En quoi détruit-il l’être ? En quoi le façonne-t-il ? Quelle trace laisse-t-il, visible ou non ? Pour tenter de répondre à cette énigme, Leblanc dresse le portrait de victimes, qui voient se projeter en ombres chinoises sur lumières violentes les spectres de leurs bourreaux, les terreurs qui les rongent.
Le père qui viole, le tueur qui matraque, la bouteille qui amoindrit, la drogue qui décompose, la vieillesse qui isole … chaque tableau confronte une silhouette et le cauchemar qui la définit, dans une scénographie quasi brecthienne, toute de vibrations inconscientes, de détresses devinées. On notera le caractère enfantin du trait, la composition proche de l’art naïf, comme si Leblanc choisissait de placer ses photographies dans le champ du conte.
On le sait, les contes n’ont de merveilleux que la cosse, l’intérieur en est atroce, sanglant et injuste. c’est cet oxymore que chaque cliché met en exergue, réveillant du même coup nos propres angoisses. Preuve du savoir faire et de la pertinence de cet artiste qui opère toujours aux marges du subconscient, pour renouveler sans fin l’approche des failles humaines.
" Qu’est-ce qui vous a traumatisé ? ", voilà la question que Pierre Leblanc aurait pu poser aux personnages qu’il met en scène ici. Par son jeu d’ombres et de lumières, Pierre révèle la trace que chacun d’entre nous peut s’évertuer à chasser ou méconnaitre et qui conditionne pourtant le prisme de notre existence. L’autre, les discours, les actes, qu’ils soient réels ou reconstruits, fantasmés ou vécus, voilà ce qu’il nous met sous les yeux avec cette pente qui nous pousse, une fois de plus, à l’introspection.
"Traumas"
" What has traumatized you? ", this is the question which Pierre Leblanc could have posed to the characters whom he constructs in scene. In a play of shadow and light, Pierre reveals the trace which each one of us can make every effort to chase away or to not acknowledge at all and that nevertheless colors the prism of our existence. The other, the speech, the acts; either real or reconstructed, fantasized or lived, this is what he puts before us and pushes us, one more time, to introspection.